Certaines familles cumulent deux aides sans le savoir, tandis que d’autres voient leur dossier rejeté pour une simple confusion administrative. Un même besoin d’accompagnement peut ouvrir la porte à des dispositifs radicalement différents, selon l’âge, le lieu de résidence ou la nature du handicap.
Des différences de prise en charge subsistent, même entre départements, malgré une réglementation nationale. Les bénéficiaires naviguent entre des critères d’attribution, des montants et des modalités d’intervention qui ne se recoupent pas toujours. Les conséquences pratiques sur le quotidien et les droits sont loin d’être anecdotiques.
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Comprendre la PCH et l’ACTP : deux dispositifs pour compenser le handicap
La prestation de compensation du handicap (PCH) et l’allocation compensatrice pour tierce personne (ACTP) s’affirment comme deux piliers de la compensation du handicap. Si l’ACTP a longtemps servi de référence, la PCH s’est installée depuis 2006 en chef de file, poussant l’ancien dispositif vers la sortie, mais pas pour tout le monde. Certains usagers restent rattachés à l’ACTP, par attachement ou simple inertie administrative.
La PCH se distingue par une approche sur mesure, destinée à coller au plus près des besoins actuels. Elle couvre un large éventail : aides humaines (intervention d’un proche ou d’un professionnel), aides techniques (matériel spécialisé), aménagement du logement, adaptation du véhicule et surcoûts liés au transport. Toute demande passe par la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) ; la CDAPH arbitre, le conseil départemental verse les montants.
De son côté, l’ACTP cible essentiellement le financement de l’aide humaine. Elle est réservée aux personnes avec un taux d’incapacité égal ou supérieur à 80 %, vivant en France ou outre-mer, et dont les ressources ne dépassent pas un certain plafond. Son montant : entre 515,26 € et 1 030,51 €, selon la gravité reconnue. Ici, pas de fléchage précis : la somme peut servir à rémunérer un professionnel, dédommager un proche ou répondre à un besoin ponctuel, mais jamais pour financer des équipements ou des aménagements.
Dans les deux cas, c’est le conseil départemental qui assure le versement. Il faut savoir qu’une fois la PCH choisie, il n’est plus possible de revenir à l’ACTP. Ce choix unique mérite donc toute l’attention des personnes accompagnées.
Qu’est-ce qui distingue vraiment la PCH de l’ACTP ?
Derrière la transition institutionnelle, la comparaison entre PCH et ACTP révèle des différences majeures. La PCH se structure autour de six volets : aides humaines, aides techniques, adaptation du logement, adaptation du véhicule, surcoûts de transport, aides spécifiques ou exceptionnelles (dont l’aide animalière). L’ACTP reste focalisée sur la seule aide humaine.
Le mode d’attribution change la donne. La PCH s’adresse à toute personne qui rencontre une difficulté majeure pour réaliser une activité de base, ou une difficulté marquée sur au moins deux activités essentielles du quotidien. Pas de plafond de ressources à l’entrée, mais le calcul du montant en tient compte. Elle vise surtout les 20-59 ans, mais peut s’étendre, sous conditions, aux enfants et aux plus de 60 ans. L’ACTP, elle, exige un taux d’incapacité d’au moins 80 %, un niveau de ressources inférieur au plafond de l’AAH, sans restriction d’âge.
La façon d’utiliser les sommes varie aussi. La PCH attribue un montant par type de besoin, tandis que l’ACTP laisse le bénéficiaire libre d’arbitrer entre rémunération d’un professionnel, indemnisation d’un proche, ou autre dépense liée à l’aide humaine. Les profils des bénéficiaires ne se recoupent pas toujours : la PCH séduit davantage de personnes actives, de couples, de très jeunes ou très âgés, alors que l’ACTP s’adresse plus souvent à ceux vivant avec leurs parents.
Pour bien visualiser les usages, voici quelques chiffres issus des données publiques :
- La PCH finance dans 74 % des cas les aides humaines, 32 % les aides techniques, 16 % l’adaptation du logement.
- L’ACTP sert principalement à financer l’aide humaine et, dans 39 % des situations, à indemniser un proche aidant.
En matière d’accès, le parcours reste semé d’obstacles : interlocuteurs multiples, complexité des dossiers, va-et-vient entre organismes. Pourtant, selon les enquêtes, 80 % des bénéficiaires voient leur quotidien nettement amélioré grâce à l’un ou l’autre de ces dispositifs.
Faire le bon choix selon sa situation : critères, démarches et conseils pratiques
Opter pour la PCH ou l’ACTP ne se résume jamais à une simple opération mathématique. Chaque situation familiale, professionnelle, médicale fait pencher la balance d’un côté ou de l’autre. La nature du handicap, la nécessité d’aides techniques, l’âge, la vie de famille, le projet de vie : tous ces paramètres entrent en jeu. Pour une déficience motrice importante ou le besoin d’adapter un logement, la PCH ouvre de nombreuses options, jusqu’à l’aide animalière. Pour d’autres profils, comme les personnes avec une déficience intellectuelle, psychique ou visuelle, ou celles vivant avec un proche aidant, l’ACTP garde toute sa pertinence.
L’entrée dans le dispositif PCH ou ACTP passe toujours par la MDPH. Le dossier, souvent conséquent, doit être soigné : certificat médical circonstancié, preuves d’incapacité, description détaillée des besoins, projet de vie. La CDAPH évalue ensuite l’éligibilité et le montant. Si la démarche pour la PCH exige plus de justification, son adaptation séduit de nombreux actifs, familles et seniors.
L’ACTP disparaît progressivement depuis 2006 au profit de la PCH. Les personnes déjà bénéficiaires peuvent demander à passer à la PCH, mais ce choix est irrévocable. Avant de trancher, il est judicieux d’échanger avec un référent de la MDPH ou une association de défense des droits. Prendre le temps d’anticiper plusieurs années permet d’éviter bien des déconvenues, surtout si le handicap est stable et que la PCH peut alors être attribuée sans limitation de durée.
Pour affiner sa décision, il est utile de passer par plusieurs étapes :
- Analysez précisément vos besoins : volume d’aide humaine, recours à des outils ou équipements, nécessité d’aménager votre logement, coût du transport adapté…
- Utilisez les outils de simulation proposés par la MDPH pour confronter les différentes hypothèses.
- Gardez en tête les changements possibles dans votre vie familiale ou professionnelle qui pourraient modifier vos besoins dans le temps.
Si la PCH ne couvre pas tous les frais, le Fonds départemental de compensation (FDC) peut compléter le reste à charge.
Choisir entre PCH et ACTP, c’est composer avec un puzzle administratif, mais aussi dessiner les contours de son autonomie pour les années à venir. Ce choix, loin d’être anodin, trace parfois la frontière entre une vie sous contrainte et un quotidien qui s’ouvre, un peu plus librement, sur ses propres besoins.