Causes de la perte de la parole et maladies associées

Un accident vasculaire cérébral prive soudainement 30 % des patients de la capacité à communiquer verbalement. Les troubles du langage ne se limitent pas à cette seule cause : certaines maladies neurodégénératives, infections cérébrales ou traumatismes crâniens peuvent aussi entraîner une perte partielle ou totale de la parole.

L’identification précise de l’origine du trouble conditionne l’efficacité de la prise en charge. Les manifestations varient selon la région cérébrale touchée et la nature du dommage, rendant le diagnostic parfois complexe.

L’aphasie : comprendre ce trouble de la parole et ses différentes formes

L’aphasie désigne la survenue d’un trouble de la parole après une lésion du cerveau, survenant généralement dans l’hémisphère gauche, là où résident les principaux circuits du langage. Ce bouleversement n’altère pas l’intelligence, mais vient bousculer la communication verbale, qu’il s’agisse de comprendre ou de s’exprimer à l’oral. Les lésions concernent surtout les aires de Broca et de Wernicke, zones clés du langage dans le cerveau.

Il existe plusieurs types d’aphasie, chacun avec des particularités propres. Une distinction fine permet de mieux orienter le diagnostic et l’accompagnement. Parmi les formes les plus fréquentes, deux se démarquent :

  • Aphasie de Broca : la parole devient difficile, décousue, avec des phrases réduites à l’essentiel. Le sens reste compris, mais prononcer les mots relève d’un véritable effort, chaque syllabe semblant peser lourd.
  • Aphasie de Wernicke : ici, le débit verbal coule sans obstacle, parfois même de façon abondante, mais le contenu perd toute cohérence. Les mots semblent déconnectés, inventés, et la compréhension se délite.

D’autres formes existent aussi. L’aphasie globale touche tous les aspects du langage, tandis que l’aphasie de conduction bloque la répétition des mots, même lorsque la compréhension est conservée. À ne pas confondre : la dysarthrie, qui relève d’un problème moteur. Dans ce cas, c’est l’articulation qui est affectée, sans que les capacités intellectuelles liées au langage en soient touchées.

Pour poser un diagnostic fiable, le clinicien s’appuie sur l’examen attentif des symptômes et du contexte lésionnel. Selon la région du cerveau atteinte, le tableau évolue, révélant la complexité du langage et la finesse de ses réseaux neuronaux.

Pourquoi la parole se perd-elle ? Causes médicales et facteurs de risque à connaître

La perte de la parole peut survenir brutalement ou s’installer peu à peu, selon l’origine médicale du trouble. Premier responsable : l’accident vasculaire cérébral (AVC). En France, c’est la cause la plus fréquente de perte de parole soudaine. Quand l’irrigation sanguine d’une zone du cerveau, en particulier l’hémisphère gauche, est interrompue, les réseaux du langage s’en trouvent perturbés, avec un trouble de la parole qui peut s’avérer durable.

Autre cause fréquente, le traumatisme crânien. Un choc sévère, qu’il provienne d’une chute ou d’un accident, peut anéantir la capacité à communiquer. L’endroit précis de la lésion détermine la nature et l’intensité des troubles de la communication.

Certaines maladies neurodégénératives progressent lentement et minent la parole au fil du temps. La maladie d’Alzheimer en est un exemple, mais la maladie de Parkinson ou la sclérose latérale amyotrophique peuvent aussi altérer progressivement le langage, en rendant difficile la nomination, l’articulation ou la compréhension.

D’autres facteurs existent, parfois moins évidents. Voici un aperçu des situations pouvant aussi conduire à des troubles du langage :

  • Certains médicaments qui agissent sur le système nerveux central et perturbent le langage
  • L’alcool consommé en excès, la fatigue persistante ou un stress intense, qui déclenchent parfois des troubles passagers
  • Les infections du système nerveux ou les troubles de la déglutition, causes plus rares mais bien documentées

Face à la variété de ces origines, il est nécessaire de bien connaître les circonstances et les facteurs de risque pour ajuster la prise en charge.

Jeune femme écrivant avec soutien d

Symptômes, diagnostic et accompagnement : vers une prise en charge adaptée de l’aphasie

La perte soudaine de mots, la difficulté à construire une phrase ou à saisir le sens d’un propos : l’aphasie brouille les repères de la communication verbale. Selon la zone touchée, les symptômes diffèrent : certains peinent uniquement à parler, d’autres voient leur lecture ou leur écriture également entravées. Quand l’aire de Broca est lésée, la parole devient difficile à articuler ; avec une atteinte de la zone de Wernicke, c’est la compréhension qui s’effondre, rendant toute conversation impossible.

Devant de tels signes, il faut consulter rapidement un médecin généraliste. L’évaluation passe par un examen clinique complet, souvent associé à une IRM cérébrale pour localiser la lésion. L’avis d’un orthophoniste est également indispensable : tests de dénomination, de compréhension, de répétition, et de lecture. Ce bilan construit les bases d’une prise en charge sur mesure.

La rééducation logopédique s’ajuste à chaque situation. Elle ne vise pas seulement à restaurer le langage, mais aussi à développer des stratégies de communication nouvelles, que ce soit en individuel ou en groupe. L’entourage, s’il est formé à ces nouveaux codes, joue un rôle clé pour limiter l’isolement social, un risque réel chez les patients aphasiques. Pour une qualité de vie durable, la coordination entre médecin ORL, orthophoniste et parfois audiologiste compte tout autant.

La démarche d’accompagnement passe par plusieurs étapes clés :

  • Repérage précoce des symptômes
  • Diagnostic médical et orthophonique
  • Mise en place d’une rééducation personnalisée
  • Accompagnement familial et social

Redonner sa place à la parole, c’est parfois reconstruire tout un monde. Derrière chaque trouble du langage se cache une histoire singulière, et la possibilité, avec le bon accompagnement, de retrouver sa voix autrement.

Ne ratez rien de l'actu